L’aventure citoyenne de la bibliothèque de Setouchi

L’aventure citoyenne de la bibliothèque de Setouchi

Citoyenne, la bibliothèque de Setouchi porte bien son nom. Voulue par les citoyens, elle a été faite pour eux et avec eux. Son histoire commence en 2009 lorsque le maire promet dans son programme électoral une nouvelle bibliothèque.

La ville de Setouchi et les alentours

Sur l’axe est-ouest du Shinkansen entre Hiroshima et Kyoto, à trente minutes d’Okayama, capitale éponyme de la préfecture, la ville de Setouchi, crée en novembre 2004, regroupe trois anciens bourgs : Osafune au nord, Oku au sud-ouest et le port d’Ushimado, donnant sur ma mer intérieure de Seto, au sud-est. Très impliquée dans le développement du tourisme pour redynamiser la région, la ville communique sur ses atouts, avec son histoire ancienne, ses savoirs faire ancestraux et la beauté de son littoral, de son oliveraie et de ses couchers de soleil. La région est notamment réputée pour ses katana, fabriqués depuis la période Heian et pour ses poteries, une activité elle aussi très ancienne et très répandue. A quelques kilomètres de Setouchi, se trouve la ville de Bizen dont les poteries sont mondialement connues. Depuis son ouverture en 2016, la bibliothèque est présentée comme l’un des atouts de la ville de Setouchi.

Le projet

Le site web de la ville évoque « l’état inacceptable de l’ancienne bibliothèque » dont on ne trouve guère de trace. Un an après l’élection du maire en 2010, une commission est créée pour élaborer un programme. Par le biais d’une pétition, des citoyens de la ville demandent à être associés au projet. En 2011, un professionnel des bibliothèques chevronné est recruté comme directeur de la future bibliothèque. Il met en place après son arrivée des ateliers de consultation citoyenne, les « Toshokan Future Meeting ». Avec près de vingt sessions, ces ateliers fondés sur une démarche participative, inspirent, nourrissent et définissent les contours de la nouvelle bibliothèque. Lors de ces ateliers, tout le monde est invité à exprimer ses besoins et ses attentes : homme, femme, enfant, adolescent, adulte, personne âgée, femmes au foyer, collégiens, lycéens, actifs, retraités… Autre particularité du projet, la bibliothèque étant construite à la place de l’ancien musée municipal, à coté du centre social municipal, une partie des collections muséales sont intégrées dans la programmation scientifique et architecturale.

A l'entrée de la bibliothèque, il y a le café Momiwa

Momiwa もみわ

Finalisé en 2013, le programme se décline en sept axes porteurs qui affirment avec force la vision des citoyens car on ne parle pas d’usagers ni de consommateurs, mais bel et bien de citoyens. La bibliothèque de Setouchi est :

  • un lieu où les citoyens peuvent parler de leurs rêves ;
  • un espace où ils élargissent le champ des possibles et où ils peuvent développer leurs potentialités
  • un lieu où l’on peut « construire » la communauté
  • une place utile qui soutient la croissance et l’éducation des enfants
  • un endroit qui permet aux personnes âgées de rayonner
  • un endroit de rencontre, d’art et de culture
  • un espace pour tous
  • un endroit pour découvrir et diffuser le charme de la ville.

La philosophie d’ensemble est résumée par l’acronyme Momiwa, もみわ, résultat de la contraction de trois termes, « Amener, trouver, partager », choisi au terme d’une consultation citoyenne, qui désigne le nom de la bibliothèque. C’est le nom du café, à l’intérieur de la bibliothèque, à coté de l’entrée principale, car les citoyens ont voulu un café dans leur bibliothèque pour se détendre, discuter et organiser des événements collectifs.

Le nouveau bâtiment

En forme de L, de superficie moyenne, avec 2400 m2, la bibliothèque offre sur deux niveaux une grande diversité d’espaces et de services.

Tourné vers la convivialité et le loisir, le premier niveau rassemble le café, la bibliothèque pour enfant, la partie adulte de la bibliothèque avec des collections de romans et ouvrage de loisirs, une zone pour les revues et les magasines et un coin presse.

Le passé de Setouchi se donne à voir. Des vitrines encastrées dans les rayonnages permettent d’exposer des poteries du Musée. A coté du coin presse, de vieux objets de la vie quotidienne (boîte à bentô, chaufferette, téléphone…) posés sur des tables hautes évoquent le passé et des panneaux d’exposition, selon un déroulé chronologique, invitent à aller « à la découverte du chemin de Setouchi ».

Jouxtant la bibliothèque, dans la galerie d’exposition, on admire les marionnettes de Taketa Kinesuke, dont la fameuse petite Yukinko. La « 集いの部屋 », (tsudoi no heya), la salle de « rassemblement » est d’ordinaire une grande salle de travail mais c’est une salle polyvalente où l’on peut même monter des spectacles de marionnettes grâce à une scène dédiée. Dans le couloir, un grand moulage des amas coquilliers datant de la période Yayoi, découverts non loin de là en 1933, sont fixés au mur.

Au second étage, depuis la mezzanine, de la grande table filante où l’on peut travailler, on a une vue sur l’Olive garden, un carré de pelouse verte bordé de quelques oliviers, destiné à la détente, où ont lieu des événements organisés par la bibliothèque. Les collections se répartissent entre collections de loisirs (le fonds dénommé « chadults » pour jeunes et adultes, vidéo, CD) et des fonds d’étude, spécialisés et locaux.

Un espace permet de consulter internet et des bases de donnée. Une grande salle de travail individuel, une salle de réunion et un « chat room » viennent compléter l’ensemble.

Claire et lumineuse avec sa grande façade vitrée, modeste mais confortable, la bibliothèque de Setouchi est un lieu où les habitants se sentent chez eux. Le choix de l’architecte, Koyama Toshio, à l’écoute des citoyens, été crucial. Son bâtiment est la traduction de leurs aspirations.

La bibliothèque de Setouchi a reçu le prix de la Bibliothèque de l’année en 2017, décerné par l’Association des bibliothèques japonaises.

Bâtiment unique
Architecte : Toshio Koyama Building Research
Année d’ouverture : 2016
Superficie : 2399 m2
Niveaux : 2
Livres : 117 000 dont 101 000 en libre-accès

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *